Au plaisir
7èmes PROMENADES PHOTOGRAPHIQUES EN CONDROZ
Tous les week-ends du mois d’août 2015, les villages de Marchin et de Goesnes, situés dans le Condroz
liégeois et namurois, accueillent la 7ème édition des Promenades photographiques en Condroz intitulée «
Au plaisir ».
Dans un contexte global plombé par la morosité, les violences et les peurs, les Promenades
photographiques en Condroz ont choisi de prendre à nouveau le parti des petits bonheurs de vivre, de
l’échange et du partage. Car le plaisir ne saurait résider dans les replis identitaires, frileux, égoïstes…
Les Promenades proposent 20 expositions qui réunissent des photographes belges et étrangers, de
renommée ou émergents : Anthony Anciaux, Bertrand Carrière, Joseph Charroy, la collection Michel F.
David, Franky De Schampheleer, Véronique Ellena, Sébastien Fayard, Brigitte Grignet, Matthew
Houston, Sarah Joveneau, Chris Keulen, Olivier Le Brun, Matthieu Marre, Stéphanie Petitjean, Luc
Rabaey, Christohpe Smets… dont la plupart seront présents lors de la biennale, commentant leurs
expositions, participant à des rencontres.
Les expositions sont organisées en milieu rural, dans des lieux charmants sur le plan architectural,
patrimonial et paysager et pour la plupart installées chez l’habitant.
Un atelier photo en résidence d’une semaine est également proposé et animé par Bertrand Carrière.
La biennale est l’occasion d’un travail d’animation qui vise à récolter l’expression des habitants des
communes participantes notamment à travers un stage photo à destination des adolescents et une
mission photographique confiée à Sarah Joveneau.
Enfin, le mois des Promenades sera ponctué par des animations diverses (visites guidées par les
photographes, conférence, atelier d’écriture, librairie, concert,… ) proposées par le centre culturel de
Marchin et des collectifs citoyens locaux. Notons également que chaque dimanche un cuisinier réputé de
la région proposera un repas prolongeant ainsi le plaisir jusqu’à vos papilles gustatives.
Les Promenades photographiques en Condroz est une initiative du Centre culturel de Marchin.
Du samedi 1er août au dimanche 30 août 2015, de 10h à 19h
Dans les villages de Grand-Marchin (commune de Marchin) et de Goesnes (commune d’Ohey)
Entrée : 5 € (permet de visiter toutes les expos), gratuit pour les moins de 12 ans –
www.biennaledephotographie.be
Contacts :
Centre culturel de Marchin
Place de Grand-Marchin, 4 – 4570 Marchin
085/413538
Responsable projet : Pierre Mossoux, 0499/603045 – pierremossoux@skynet.be
Attachée de presse : Nathalie Simon, 0494/628467 – natha.simon@gmail.com
DOSSIER DE PRESSE
Au plaisir
7èmes PROMENADES PHOTOGRAPHIQUES EN CONDROZ
Au plaisir
7èmes PROMENADES PHOTOGRAPHIQUES EN CONDROZ
MARCHIN – GOESNES
20 expositions du 1er au 30 août 2015
ouvertes les week-ends
Une proposition du centre culturel de Marchin
www.biennaledephotographie.be
Contact
Centre culturel de Marchin
Place de Grand-Marchin, 4 – 4570 Marchin
085/413538
Responsable projet : Pierre Mossoux
0499/603045 – pierremossoux@skynet.be
Attachée de presse : Nathalie Simon
0494/628467 – natha.simon@gmail.com
L’idée
Dans un contexte global plombé par la morosité, les violences et les peurs, les Promenades
photographiques en Condroz ont choisi de prendre à nouveau le parti du plaisir, des petits
bonheurs de vivre, de l’échange et du partage. Car le plaisir ne saurait résider dans les replis
identitaires, frileux, égoïstes ; pour exister il a sans cesse besoin de se donner, de déborder. Sans
fracas, sans tapage, en douceur le plus souvent, de façon spectaculaire parfois – avec humour, si
possible.
Nos vies sont faites d’un maillage de petites et de grandes choses, de mille et un contentements
parfois ténus, presque invisibles. Le plaisir est peut-être alors aussi celui de la photographie
même : papillonnant d’instant en instant, butinant une lumière ou une couleur, saisissant au vol
une émotion fugace, une grâce palpable, un peu de paix, un feu de joie.
La 7e édition de cette biennale sʼappellera donc tout simplement « Au plaisir ».
Du samedi 1er au dimanche 30 août 2015 — Expositions durant les 5 week-ends, les samedis et
dimanches de 10h à 19h.
La biennale propose une promenade artistique dans le Condroz liégeois et namurois.
Elle sʼadresse à un public familial (de 3000 à 5000 visiteurs venant de toute la Belgique et des
pays voisins).
Il sʼagit toujours de mettre en valeur, de promouvoir, de défendre :
– La création artistique actuelle : nos expositions montrent les travaux dʼartistes de renommée ou
émergents qui sʼexpriment sur un thème fort, concernant chaque être humain, des expositions qui
touchent, des oeuvres empreintes dʼhumanité, des expressions et des images variées, des travaux
toujours de qualité.
– Un tourisme culturel : inviter à découvrir une région magnifique faite de prés, bois, nature, calme,
maisons en pierre, châteaux, fermes : les expositions sont installées dans des lieux charmants,
intéressants du point de vue architectural, historique, patrimonial.
– Lʼexpression citoyenne : comme à chaque édition, la thématique de la biennale est lʼoccasion de
recueillir lʼexpression dʼhabitants des communes participantes ; cʼest notamment le cas à travers
une mission photographique et un atelier photo proposé aux adolescents.
Les caractéristiques de lʼédition 2015 :
– Les expositions sont cette fois concentrées dans deux villages distants de 4 km : Grand-
Marchin (hameau de la commune de Marchin) et Goesnes (village de la commune dʼOhey).
– La plupart des expositions sont installées « chez lʼhabitant ».
– La plupart des photographes invités, belges ou étrangers, seront présents, commentant leurs
expositions, participant à des rencontres.
– Un détail dʼimportance… Cette année, les visiteurs seront particulièrement soignés dʼun point de
vue culinaire : chaque dimanche un cuisinier réputé de la région proposera un repas (à prix
démocratique) au « Bistro » de Grand-Marchin, place de Grand-Marchin.
Les expositions
Les photographes invités :
- Anthony Anciaux (Belgique) / www.vaudou.be
- Bertrand Carrière (Canada) / www.bertrandcarriere.com
- Joseph Charroy (Belgique) / www.josephcharroy.be
- Collection Michel F. David (France) / www.editions-surlabanquise.fr – photos glanées
- Franky De Schampheleer (Belgique) / www.deschampheleer.be
- Véronique Ellena (France) / www.veronique-ellena.net – en collaboration avec le CNA,
Centre National de lʼAudiovisuel à Dudelange (Grand-Duché du Luxembourg) /
www.cna.public.lu - Sébastien Fayard (France)
- Brigitte Grignet (Belgique) / www.brigittegrignet.com
- Matthew Houston (Grande-Bretagne) – en collaboration avec lʼAtelier Noema
- Sarah Joveneau (Belgique)
- Chris Keulen (Pays-Bas) / www.chriskeulen.com
- Olivier Le Brun & Christophe Smets (Belgique)
- Matthieu Marre (France) / www.matthieumarre.com
- Stéphanie Petitjean (Belgique)
- Luc Rabaey (Belgique) / www.lucrabaey.com
- Lʼexposition « Images cachées » réalisée à partir de photogrammes extraits de films
amateurs conservés par le CNA de Dudelange / www.cna.public.lu - Une exposition collective de photographies sur les plaisirs de la table (Auquier Yves,
Bauduin Jean-Pierre, Beaufays Béatrice, Bernard Julien, Bertels André, Bodson Jean-Marc,
Callewaert Valérie, Carez Christian, Caumiant Damien, Chable Thomas, Christiaens
Alexandre, Christiaens Sélim, Clauss Pierre, Cleeren Michel, Cornet Anne-Lise, Cuisset
Stéphane, Deborggraef Charles, Debrue Laurent, De Wurstemberger Hugues, Dollo Philippe,
Etter Lucas, Everarts Vincent, Felten-Massinger, Fournier Jean-Luc, Fouss Daniel, Gaffney
Paul, Galbats Patrick, Gerard Aline, Giotti Serge, Gisonda Vito, Goffin François, Greuzat Anne,
Herbet Philippe, Janssens Alain, Jeuniaux Philippe, Lambermont Catherine, Lambillon Jean-
Pierre, Lavandy Philippe, Ledure Elodie, Linard Pascale, Lutz Christian, Michiels Daniel,
Moural Patrick, Narbo Louise, Oosterlinck Léopold, Plossu Bernard, Polson Laurie, Poma
Laurent, Prendergast Norma, Quetch Armand, Ringlet Marie, Satoru Toma, Sluban Clavdij,
Uytenhove Frédéric, Van Hoof Gina, Vanmalleghem Sébastien, Vantournhoudt Jean-Marc,
Vercheval Florence et Wagner Fabrice
Et aussi :
- Les images de la mission de Sarah Joveneau à Marchin et Goesnes
- Un choix parmi les images réalisées par les stagiaires de notre atelier résidentiel
dʼune semaine - Les réalisations photo dʼadolescents de Marchin et Ohey (atelier photo au carnaval et à
Pâques)
Et encore :
- Les films de Luc de Heusch « Les gestes du repas » et « Les amis du plaisir »
- Lʼextrait du film « La Belle Equipe » de Julien Duvivier (Jean Gabin interprétant « Quand on
sʼpromène au bord de lʼeau »)
Lʼéquipe :
Rachel Jans, animatrice-directrice du centre culturel de Marchin
Emmanuel dʼAutreppe (critique, enseignant, éditeur),
Jacky Lecouturier (photographe) et Pierre Mossoux (centre culturel) : direction artistique
Anne Romboux, Isabelle Van Kerrebroeck, François Struys : animation
Françoise et Paul Guilmot : animation
Nathalie Simon, attachée de presse
Marguy Conzemius et Michèle Walerich, curatrices au Centre National de lʼAudiovisuel à Dudelange
Philippe Luyten, Service culture de la Province de Namur
Les partenaires :
Les Communes de Marchin et dʼOhey,
Les Provinces de Liège et de Namur,
La Fédération Wallonie-Bruxelles,
Le Ministère de la Région wallonne,
Les Editions Yellow Now, les Editions de la Banquise,
La Bibliothèque de Marchin-Modave
Quelques images…
Les lieux d’exposition
A Grand-Marchin (commune de Marchin) : 8 lieux dʼexposition
- Le centre culturel
- Le « Bistro »
- Lʼatelier-décors de lʼasbl Devenirs
- Lʼéglise
- La ferme de lʼAître
- Le jardin de Mme Defays
- La salle à manger et le salon chez Pierre Mossoux
- Une grange chez Mme Hallet
Situé au centre géographique de la vaste commune de Marchin, le village de Grand-Marchin
compte une bonne centaine dʼhabitations. A voir :
– La place : Au milieu de la place trône un kiosque à musique qui daterait de 1903. Lʼancienne
école, construction en brique et calcaire datant du XIXe siècle, abrite le centre culturel depuis une
vingtaine dʼannées.
– Le château, construit en 1875, est un superbe édifice (privé).
– Le jardin de La Thébaïde a été aménagé par ses propriétaires au coeur dʼun terrain semi-boisé
dans un environnement de calme et de sérénité.
– La ferme de lʼAître est un des plus vieux bâtiments de Marchin. Il a conservé son donjon du XIIe
siècle qui atteste sa destination seigneuriale. Les bâtiments actuels portent la date de 1664. Lʼaître
vient du latin atrium = cimetière, se référant à celui qui se trouve à deux pas.
– Lʼéglise Notre-Dame est un édifice classé, admirablement situé à flanc de coteau, datant de la fin
du XVe siècle. Seule, la tour remonte à lʼépoque romane. Il y a quelques années, le clocher tors a
été foudroyé et reconstruit à lʼidentique.
A Goesnes (commune dʼOhey) : 8 lieux dʼexposition
- Le château (2 pièces)
- La chapelle
- Le fenil chez M. Valange
- Lʼancien abri de jardin chez Mme Balthazar
- Le salon et le jardin chez M. et Mme Menu
- Le Musée Héritage
- Le gîte de Mme Culot
Cʼest un petit village rural caractéristique du Condroz avec ses bâtiments en pierre calcaire, faisant
partie de lʼentité dʼOhey.
Le coeur de Goesnes, qui accueille cette année la Biennale de photographie, est composé de
quelque quarante maisons. Avec les hameaux proches de Baya, Filée et Sart dʼOneû, la
population atteint les quelque deux cent cinquante habitants.
Point de départ en 1274 de la « Guerre de la Vache » qui dévasta longtemps le Condroz, Goesnes
fut lʼancien siège dʼune seigneurie de Poilvache.
Curiosités : le pilori de justice en pierre calcaire situé sous un orme remarquable, le Ferme de la
Cour et la chapelle romane du XIIIe siècle dédiée à saint Pierre, le Musée Héritage (histoire de
Goesnes, de la terre et de lʼhomme, histoire de la Grande Guerre, 0474/444226).
La participation / Les animations / Les publications
La participation des habitants :
Elle se manifeste à travers :
- Lʼaccueil dʼexpositions « chez lʼhabitant » : 10 des 15 lieux dʼexposition sont des
habitations de particuliers. - Une mission photographique confiée à la jeune photographe Sarah Joveneau qui, depuis
lʼété 2014, sillonne régulièrement, à la rencontre des habitants, les routes de Grand-
Marchin et Goesnes. En bout de route : une exposition des images de Sarah à la biennale
sous forme dʼune vingtaine de bâches de 80 x 120 cm. - Des animations impliquant des collectifs villageois.
Les animations liées à la photographie :
- Un atelier résidentiel animé par Bertrand Carrière dʼune durée dʼune semaine (du 25 juillet
au 1er août 2015) – 8 stagiaires – connaissances techniques de base requises – exposition
dʼun choix de travaux intégrée à la biennale – infos et formulaire dʼinscription au centre
culturel de Marchin. - Un atelier photo proposé aux ados de Marchin et Ohey, animé par Sarah Joveneau,
photographe, et François Struys, animateur au centre culturel de Marchin. Les travaux
réalisés seront montrés à la biennale. - Durant toute la biennale, une « librairie » installée au lieu dʼaccueil proposera les livres des
photographes invités et dʼautres publications photographiques sur le thème du plaisir. - Des visites guidées dʼexpositions par les photographes.
- Une conférence animée par Emmanuel dʼAutreppe.
Dʼautres animations :
- Proposées par la Bibliothèque Marchin-Modave : un sondage à propos du plaisir, « lʼheure
de conte » (pour enfants/familles) et une sélection de livres sur le thème du plaisir - Musique du monde : un concert de Taxidi à la chapelle de Goesnes
- Mini-animations ponctuelles, surprises (danse et musique)
- Atelier dʼécriture « chez lʼhabitant » proposé par la Maison de Poésie dʼAmay
- Un rallye touristique du Maillon Humanitaire (asbl qui a pour but l’amélioration de la
situation sanitaire des populations rurales enclavées dans les pays en développement
sociaux et sanitaires) - … (programmation en cours)
Les publications
Un livret-catalogue accompagne ces 7es Promenades photographiques en Condroz.
Contenu :
– Texte dʼEmmanuel dʼAutreppe
– 1 photo/photographe/page
– Un choix parmi les images réalisées par Sarah Joveneau lors de sa mission
photographique à Marchin et Goesnes
Forme : Format A5, 48 pages quadri, 500 exemplaires
A lʼoccasion de la biennale seront publiés des livres à propos des photographes suivants :
– Sébastien Fayard (Editions Yellow Now – sous réserve)
– Brigitte Grignet (Editions Yellow Now)
– Matthieu Marre (Editions Yellow Now)
– Collection Michel David (un ouvrage aux Editions de la Banquise et un ouvrage aux
Editions Yellow Now)
Le sens
Note dʼintention (par Emmanuel dʼAutreppe)
Entre logique capitaliste, idéal de consommation, tyrannie fade des médias, le monde actuel
tend souvent à nous faire croire que le plaisir résiderait essentiellement en la satisfaction dʼun
« besoin » somme toute assez primaire : posséder ce que lʼon convoite. Sans même se
demander si convoiter nʼest pas un peu triste, et posséder un peu vain. Si ce nʼest pas la porte du
bonheur, du moins tiendrait-on là la clé du plaisir. Trop simple, évidemment ! Mais nous achetons
quand même, faute de mieux, et puis on ne sait jamais. Contraints par un hédonisme forcené,
nous happons frénétiquement, bouche grande ouverte et yeux opaques, les produits de colmatage
de nos envies fabriquées.
Comme il nʼy a pas de joie sans espoir, il nʼy a pas de plaisir sans désir. Il faut savoir se
préparer, cʼest dans lʼattente impatiente que se niche souvent le plus fort du plaisir – mais il ne sert
à rien de prévoir. Le plaisir demeure imprévisible, invisible, insaisissable ! De grandes attentes
débouchent sur de petits lendemains. Moments gâchés, soufflés retombés… Est-ce pour autant
que les plus grandes merveilles seraient promises ou même réservées à qui ne sʼattend à rien ?
Trop grand ou trop petit, trop tôt ou trop tard, trop bruyant ou trop silencieux, en un mot si souvent
à côté de la plaque : il semble que le plaisir ne soit pas fait pour les photographes. A moins que,
justement ?…
A moins quʼil soit inutile de traquer avec frénésie une vie de plaisirs, si le plaisir est la vie
même. La sensation unique et fragile dʼêtre vivant, dʼêtre au monde, humant le papillonnement
des instants. Pour qui sait voir et goûter, ces petits bonheurs sont partout. Dans le très grand – un
vaste ciel étoilé recouvrant une balade nocturne, un horizon qui vous gorge dʼoxygène, une lumière
dʼautomne ouatée, enrobante – comme dans le tout petit – un frémissement du doigt, une étincelle
infime dans le regard. Dans le plaisir, le très petit et le très grand sʼinversent dʼailleurs souvent
jusquʼà se confondre : de vos papilles surgit un monde ; de vos pupilles, les étoiles ; et dans un ciel
se dessine inlassablement un visage aimé.
Sʼil nʼest pas une question de taille – encore que lʼon puisse ergoter sur la délicieuse ambiguïté
du mot –, le plaisir est moins encore une question de prix. Avions-nous dʼailleurs remarqué
que tous les thèmes des promenades photographiques du Condroz jusquʼici – bonheur, rebonheur
et dix de der, jeunesse, utopie, élan, acquiescement, plaisir à présent… – traitaient de matières
non monnayables, de choses qui ne sʼachètent pas, dʼidéaux non marchands ? Prendre du plaisir,
vilain mot : le vrai plaisir ne se prend pas, ne sʼachète pas. Il se donne, se partage, se reçoit. A la
rigueur même il se vole, plus élégamment encore il se dérobe, mais le plaisir qui se prend nʼest
pas seulement morbide ; condamnable ou pas, il est dʼavance condamné.
Tout de même, direz-vous, les plaisirs ne tombent pas tous du ciel ! Préparer un petit plat,
arrosé dʼun bon petit vin, ça demande du temps, ça coûte des sous. Mais une fois éloignés le
poste et ces émissions culinaires de haute voltige dont, le couteau sous la gorge, il finit par nous
gaver… faut-il tant de temps, tant dʼargent ? Un mets préparé avec amour, cʼest aussi bon et
moins cher quʼun mets préparé avec des truffes ou des morilles ; ça, la télé ne le dit pas mais tout
de même, on le sait.
Et puis, à défaut de se préparer au plaisir, on peut tenter de se le ménager. Choix de vie,
lieux propices… Agir si lʼon peut, attendre sʼil le faut. Se connaître soi-même, sʼentourer dʼamis
(pas ceux qui se comptent et sʼachètent sur les réseaux sociaux à coups de « like », non, ceux qui
comptent vraiment et nʼont, eux non plus, pas de prix). Foin des recettes, on nʼest pas là pour
moraliser. Quelques préceptes de jardinage, tout au plus, que chacun rédige du mieux quʼil peut,
pour soi-même…
Car le plaisir se cultive. Comme un lopin capricieux, une terre changeante, un sol fécond.
Pendant des périodes entières de notre vie, qui peuvent sembler des siècles, nous le chassons
sans nous en rendre compte. Pire, nous le fuyons malgré nous. Nous y sommes devenus
allergiques – la faute souvent à quelque blessure lente à guérir, à lʼusure acide des habitudes… A
dʼautres moments, comme touchés par la grâce, nous lʼaimantons sans même nous en rendre
compte. Entre les deux, la quête du plaisir, comme celle de la photographie, relève dʼun lent,
incessant et ondoyant apprivoisement. Le plaisir nʼest pas le grand tout du bonheur, cʼen est la
belle et menue monnaie, tranquillement oubliée au fond de nos poches…
Car le plaisir cʼest enfin celui de la photographie même. Celui de lʼacte de
photographier, la magie synchrone et volatile du déclenchement. Pulsion qui se niche au coeur
dʼune pratique inquiète ou tourmentée, curieuse ou joyeuse, insatiable. Battement de coeur du
visible, pas-de-deux avec la lumière. Il arrive alors quʼil ne faille pas forcément chercher le plaisir
dans lʼimage : le plaisir, cʼest lʼimage. Une seconde vie qui se détache de nous. Qui nous
ressemble et nous trahit, nous rassemble ou nous désunit. Qui nous aspire parfois mais qui surtout
nous inspire. On sʼallège alors, tout sʼexauce – et lʼon sourit.